samedi 15 décembre 2007

Facta sunt

Objections - n°12 - décembre 2007 - pages 4 et 5

Facta sunt

  • La Commission Ecclesia Dei est loin d'avoir dit son dernier mot. Elle prépare un document (à publier avant Noël) sur l'interprétation du Motu proprio, pour éloigner les erreurs plus ou moins volontaires qui ont fleuri autour de ce texte, libéralisant la messe traditionnelle. Le cardinal Castrillon, récemment reçu en audience privée par le pape à ce propos, n'hésite pas à stigmatiser « la désobéissance silencieuse » au Motu proprio. Il est également question d'envoyer de Rome une circulaire à tous les séminaires du monde pour offrir aux séminaristes les moyens d'apprendre à célébrer selon la forme extraordinaire du rite latin.

  • Pas d'absentéisme face à l'islam. Sur ce chapitre, nos évêques haussent le ton. « La liberté religieuse est-elle respectée, lorsqu'un jeune musulman qui se convertit au christianisme, est ensuite menacé de mort par ses coreligionnaires ? » C'est Mgr Éric Aumônier, évêque de Versailles, qui a adressé cette simple question à l'assemblée de ses pairs, réunie à Lourdes. Le “parler vrai” dont se targue Mgr Vingt-Trois est en train de faire des émules. On attend avec impatience la réponse mise en forme à cette solennelle question d'évêque. Dans le sermon de l'évêque de Paris aux étudiants à Notre-Dame, on trouve cette constatation tout aussi stimulante : « Il n'est pas possible que l'on se contente de se lamenter sur le fait que telle ou telle minorité impose sa manière de faire, si habituellement on est soi-même absent des lieux, des organismes, des mouvements qui peuvent influer sur la vie collective ».

  • Autre petite phrase, de Mgr Vingt-Trois, qui semble avoir un compte à régler avec la tentation communautariste : « Être chrétien dans ce monde n'est pas simplement nous mettre en prière à heures fixes, fût-ce plusieurs fois par jour. C'est vraiment nous mêler des affaires de ce monde, parce que les affaires de ce monde transforment la vie des hommes, les rendent plus heureux ou plus malheureux, font grandir leur liberté et leur capacité de vivre ou au contraire les restreignent ». Dans son discours de clôture, tout en insistant dans la même veine, sur « la volonté de partage avec nos contemporains », il insiste sur l'évangélisation, en précisant qu'il lui importe peu qu'elle soit « ancienne ou nouvelle » : « C'est une tâche permanente, dont on ne peut jamais présumer qu'elle soit achevée », note-t-il. Eh bien : au travail !

  • Benoît XVI est très demandé. En plus des JMJ de Sydney, qui auront lieu à la fin du mois de juillet prochain, le souverain pontife est attendu aux États-Unis en avril. À cette occasion, il s'exprimera aussi à New York devant l'Organisation des Nations Unies. Enfin la nouvelle présidente argentine souhaite que Benoît XVI puisse venir en visite dans son pays au cours de l'année 2008. Le rayonnement international de ce pape discret ne le cède en rien à celui de Jean-Paul II, même si son charisme est différent.

  • Le Père Xavier Léon-Dufour est mort à l'âge de 96 ans. Né à Paris en 1912, entré à la Compagnie de Jésus à 17 ans, il est ordonné prêtre en 1943. Ses thèses sur la résurrection du Christ sont pour le moins sulfureuses, mais jusqu'à son dernier souffle, il est resté un fils de saint Ignace, biographe précis de saint François-Xavier, avant tout préoccupé de l'avenir de l'Église… Son commentaire monumental de l'Évangile de saint Jean (4 volumes aux Éditions du Seuil, où il fait la part de ce qui est scientifique dans son analyse et de ce qu'il nomme lui-même les “ouvertures”) reste le chef-d'œuvre incontestable de sa vieillesse. Le titre de son dernier livre définit parfaitement sa physionomie sacerdotale : Agir selon l'Évangile.

  • Pierre Pujo est mort dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 novembre, après une vie au service de l'Action française. Critiqué par certains pour son omniprésence à la tête du mouvement maurrassien, il laisse un héritage difficile à recueillir. La très nombreuse jeunesse qui était présente, au milieu d'une assistance très dense, lors de ses obsèques à la Madeleine à Paris, manifestait pourtant combien la pensée maurrassienne et l'espérance royale demeurent vives aujourd'hui. Qui a dit que la jeunesse était en panne d'engagement ?