samedi 15 décembre 2007

L’humeur - Questions autour d’un feu de banlieue

Objections - n°12 - décembre 2007 - page 6

L’humeur - Questions autour d’un feu de banlieue

En deux jours, un commissaire de police frappé à coups de barre de fer et hospitalisé, plus de quatre-vingts policiers et pompiers blessés, dont cinq grièvement, l’un d’entre eux touché à l’épaule par une balle de gros calibre, un poste de police incendié et un autre saccagé, un garage, deux écoles, une bibliothèque, un supermarché et des dizaines de voitures brûlés, de nombreux magasins pillés… Scènes de guerre civile en Palestine, au Liban ou au Congo ? Non, mais plus simplement à Villiers-le-Bel et dans cinq autres communes du Val d’Oise.

Les vraies questions ne portent pas sur le « sentiment d’être des citoyens de seconde zone » qu’éprouveraient encore les populations issues de l’immigration – à l’heure où Rachida Dati est ministre de la Justice, Fadela Amara secrétaire d’État à la politique de la Ville et Yama Rade secrétaire d’État aux Droits de l’Homme ; ni sur les millions d’euros que l’on ne manquera pas de déverser, une fois de plus, sur les cités, pour parvenir à y acheter un éphémère retour au calme.

Ces questions sous-jacentes sont d’un autre ordre. Est-il encore possible de dissoudre les ghettos et les enclaves qui se sont créés sur le territoire national, à la faveur d’une politique d’immigration incontrôlée ?

Le gouvernement aura-t-il le courage et la fermeté de prendre dans les plus brefs délais les mesures les plus propres à ramener l’ordre, en montrant aux voyous des cités que la récré est finie et que l’heure est venue de payer les dégâts et de porter la responsabilité de leurs actes ? Il est permis d’en douter, quand on compare le nombre des policiers et pompiers blessés à celui des casseurs interpellés : moins d’une quinzaine au cours des deux premières nuits d’émeutes.

En finira-t-on avec la culpabilisation du peuple français et le mea culpa intellectuel et médiatique permanent, qui incite les jeunes des cités en général, et les voyous en particulier, à se cultiver une mentalité de victimes, envers lesquelles les Français auraient une dette ?

Les vagues d’immigration précédentes ne se sont pas intégrées – elles se sont assimilées. Cette assimilation était plus aisément réalisable, parce qu’il s’agissait de populations européennes, catholiques de culture – et souvent de foi, mais aussi parce que ces immigrés-là considéraient l’acquisition de la nationalité française comme un but à atteindre, une récompense et un honneur. Nos « mea-culpistes » en ont tant fait que les jeunes des banlieues n’ont aucune envie de se fondre dans la nation française et que le qualificatif de « français » a pris, dans les cités, une connotation très nettement injurieuse. Comment en irait-il autrement, puisqu’on les persuade que cette nation est criminelle, raciste et lâche, et que l’identité nationale se rapporte à la possession d’une carte qu’ils obtiendront automatiquement à 18 ans, s’ils ne la refusent pas avec mépris ?

La dernière question qui se pose, non seulement à nos gouvernants, mais à l’ensemble des Français, engage l’avenir même de la nation française. D’ici 2040, les naissances d’enfants issus de l’immigration extra-européenne seront supérieures aux naissances d’enfants de « souche » française. Les Français ne font plus d’enfants – et les autres peuples européens n’en font pas plus. Des peuples jeunes et pauvres, de l’autre côté des mers, regardent avec envie cette Europe riche, égoïste et vieillissante, engoncée dans le déficit démographique et dans le matérialisme. Notre destin est inscrit dans cette comparaison, beaucoup plus sûrement lisible que dans une boule de cristal. Est-il encore temps de modifier le cours de l’histoire ?

Pierre Voisin