Objections - n°11 - novembre 2007 - page 2
Les ordinations du 22 septembre - Abbé Paul Aulagnier
À Saint-Éloi, siège de l’Institut de Bon Pasteur, à Bordeaux, cinq ordinations sacerdotales ont eu lieu.
Ce fut un grand jour. Un jour de fête, bien sûr. Un jour de joie pour les ordinants, pour leurs familles et amis, pour leurs supérieurs. Pensez ! Cinq diacres recevaient l’ordination sacerdotale des mains du cardinal Castrillon Hoyos, collaborateur très proche du Pape Benoît XVI, en présence du cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux, président de la conférence épiscopale des évêques de France. Jour de joie aussi – et peut-être surtout – par les paroles prononcées par le cardinal dans son homélie. Il nous rappela, certes, les devoirs du prêtre: la prière, l’importance de l’offrande du sacrifice de la messe, comme sacrifice du Christ, la nécessité d’enseigner toutes les Nations dans la foi du Christ, gardée par l’Église, la dévotion mariale… Mais surtout, il nous rappela l’importance et la finalité de l’Institut du Bon Pasteur en termes qu’il faut souligner et ne pas oublier. À ce moment de son discours, il se tourna vers le cardinal Ricard pour rappeler son rôle dans la fondation du jeune Institut du Bon Pasteur (6 septembre 2006). Il dit : « c’est à sa bonté et à son sens pastoral que cet Institut du Bon Pasteur doit son existence. Il a bien vu, que, pour le service pastoral des fidèles catholiques liés à la Tradition liturgique antérieure, il faut des prêtres “spécialisés”. Notre Saint Père le Pape lui a donné raison en publiant, comme vous le savez, Summorum Pontificum » qui restaure dans sa dignité et son droit la messe tridentine, reconnaissant et affirmant qu’elle ne fut jamais abolie, reconnaissant qu’elle fut, de soi, et en droit toujours reconnue dans l’Église.
L’honneur est sauf ! Il poursuivit : « Si nous célébrons aujourd’hui la Sainte Messe selon ce Missel, c’est justement parce que les nouveaux prêtres seront appelés à ce service pastoral et nourrirons leur vie spirituelle comme celle des fidèles qui leur seront confiés, par cette vénérable liturgie romaine. Ils se consacreront volontiers à ce ministère ensemble avec leurs confrères et avec les prêtres, membres d’autres instituts spécialisés ».
Voilà enfin le rôle ecclésial de ces prêtres bien défini. L’expression spécialisés ne me plaît pas beaucoup…
J’aurais préféré entendre le mot, par exemple, spécifique, la charge spécifique, ou le rôle spécifique… Mais peu importe, le sens est le même. Et de toute façon, ces prêtres attachés à la liturgie « ancienne »sont enfin reconnus de droit. Leur ministère est enfin reconnu légitime dans l’Église. Ils sont et seront mis et devront être mis à la disposition de ces fidèles qui, eux-mêmes, veulent le maintien de cette liturgie pour en vivre, pour en nourrir leur vie spirituelle. Vous pouvez imaginer la joie que j’ai eu, que nous avons eu, nous les anciens, d’entendre ces paroles alors que, pendant 37 ans, nous avons vécu comme des « pestiférés » dans l’Église, ou comme des « lépreux »… si je me permets de reprendre une expression du cardinal Joseph Ratzinger. Ouf ! La guerre est finie. La paix liturgique va pouvoir enfin s’établir. Cette paix est de nouveau possible… Il suffit que les cœurs s’ouvrent à ce désir pontifical. Le cardinal Castrillon Hoyos est venu le dire et le redire en France pour nous et pour tous les autres. Il y faudra du temps, je pense. Mais plus rien, en droit, ne s’y oppose. Qu’on se le dise !
Ce fut dit à Bordeaux, le 22 septembre 2007, lors des ordinations sacerdotales, en l’église Saint-Éloi. Deo Gratias !
Et tout en écoutant ces paroles, je pensais dans mon cœur, en silence, aux paroles que Mgr Lefebvre prononcées le jour de son jubilé sacerdotal à la porte de Versailles, le 23 septembre 1979, il y a maintenant 26 ans: « Mon testament ! Je voudrais que ce soit l’écho du testament de Notre Seigneur : Novi et Aeterni Testamenti, c’est le prêtre qui récite ces paroles à la Consécration du Précieux Sang : “Hic est calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti”, l’héritage que Jésus-Christ nous a donné, c’est son Sacrifice, c’est son Sang, c’est sa Croix. Et cela est le ferment de toute la Civilisation chrétienne et de ce qui doit nous mener au Ciel. ».
C’est ainsi avec reconnaissance que nous, les anciens, nous entendions les paroles du Cardinal, nous rappelant l’intention du Pape: voir revivre sur les autels de la Chrétienté, la messe de « toujours », la Messe antique et vénérable.
Pour moi, la levée des peines canoniques, qui ont touché Mgr Lefebvre, n’est plus loin. Elle est pour demain. Le principe en est posé! Merci ! Très Saint Père.
« Si nous célébrons aujourd’hui la Sainte Messe selon ce Missel, c’est justement parce que les nouveaux prêtres seront appelés à ce service pastoral et nourrirons leur vie spirituelle comme celle des fidèles qui leur seront confiés, par cette vénérable liturgie romaine. Ils se consacreront volontiers à ce ministère ensemble avec leurs confrères et avec les prêtres, membres d’autres instituts spécialisés »
Cardinal Castrillon Hoyos,
Bordeaux, 22 septembre 2007
Ce même 22 septembre, à Toulon, Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse, a célébré une messe pour ordonner prêtre Jean-Raphaël Dubrule, ancien grand clerc à Notre-Dame-des-Armées et membre d’un nouvel Institut de droit diocésain, les Missionaires de la Miséricorde, fondé par l’abbé Fabrice Loiseau, par ailleurs curé, en ville, de l’église Saint-François-de-Paule. Au cours de la même cérémonie Éloi Gillet faisait le grand pas : il était ordonné sous-diacre.