Objections n°11 - Novembre 2007 - page 3
L’événement - Niafles en Mayenne : sur le front de la Messe
L’église de la Roë, habituellement close, est comble ce dimanche 16 septembre pour la messe de saint Pie V. Dans l’après-midi, il y avait encore une cinquantaine de personnes pour le Salut du Saint Sacrement. En cette « fête de la Tradition», tout semblait être pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais les traditionalistes du sud de la Mayenne revenaient de loin. Depuis 1965, l’abbé Chéhère s’occupait de la paroisse Saint-Martin de Niafles. Le concile l’avait laissé de marbre, semble-t-il. Pourtant il ne célébrait pas selon le rite de saint Pie V, mais suivant « un rite hybride », comme me dit Matthieu, jeune paroissien de Niafles. Arrive l’abbé Loddé, de la FSSP. C’est la messe tradi dans toute sa pureté. Las… Le décès de l’abbé Chéhère, le 6 mars, devait tout remettre en cause.
« M. l’abbé Loddé assurera la messe le dimanche ici. Pendant ce temps une réflexion sera engagée, en vue d’une décision définitive. » déclare d’abord Mgr Maillard évêque de Laval. Le 23 mai, retour en arrière: « Niafles ne serait plus un lieu de rassemblement des fidèles traditionalistes… » . Et l’évêque de proposer en remplacement une messe dominicale à l’église des Cordeliers, à Laval. Mais Laval se situe à plus de 45 minutes de Niafles.
Dans la nuit du dimanche au lundi de Pentecôte, une poignée de fidèles, après avoir assisté à la dernière messe de l’abbé Loddé, décidèrent de “garder” l’église envers et contre tout. L’affaire prenait alors toute son ampleur. C’était la guerre. Au cri de « l’église est aux Niaflais », 200 personnes marchaient sur Saint-Martin de Niafles, maire socialiste en tête. Michel Montécot a des convictions religieuses très floues mais ce n’est pas la première fois qu’il s’immisce dans les affaires de la paroisse.
Ce qu’il faut appeler un siège a vu naître, contre la Tradition, un déferlement de haine. Montécot évoque une communauté essentiellement étrangère à Niafles, plus particulièrement durant les vacances. Des statistiques nous révèlent pourtant que seuls 20 % des fidèles sont extérieurs au doyenné de Saint-Clément de Craon.
Après que, par deux fois, la porte de la sacristie ait été défoncée par les manifestants, les gendarmes ont dû évacuer les “gardiens” de l’église. Et le maire, en guise de conclusion, a clôturé les abords de l’église.
Pour les traditionalistes, l’errance commence. Ils devront célébrer leur première messe de “déracinés” en forêt de Ballots, au pied de la statue de Notre- Dame de Pontmain. Pendant ce temps, une messe de Paul VI en français était dite dans l’église de Niafles. Une publication locale allait jusqu’à titrer : « La messe en français revient. » Des prêtres sont venus de Paris pour célébrer la messe derrière des églises fermées. Une centaine de personnes. Par tous les temps. Niafles était devenu un symbole. Celui de la défense des libertés de la tradition, celui de la résistance à l’intégrisme moderniste.
Y a-t-il eu pression de Marcel Nezan, le vicaire général ? Certains paroissiens disent avoir vu l’ecclésiastique lors de la manifestation organisée par le maire de Niafles. Mais Mgr Maillard, lui, n’est pas un intégriste du progressisme. Il joue les naïfs : « On pensait qu'avec le temps, les gens oublieraient cette messe! […] c'est le contraire, ce sont principalement des jeunes » souligne-t-il.
L’évêque a d’abord permis que la messe traditionnelle se célèbre en plein centre de Laval, dans l’église des Cordeliers. Ensuite, face à la pression des fidèles, il a ouvert au culte traditionnel deux églises proches de Niafles, celle de la Roë et celle de la Selle-Craonnaise. La détermination des fidèles a payé. Face à l’agression.
Gabriel Dubois