vendredi 15 février 2008

Facta sunt

Facta sunt
  • Le pape empêché de se rendre à La Sapienza de Rome, est-ce un échec ? Une fois de plus Benoît XVI, en se contentant d’envoyer une version écrite de son discours à l’Université de Rome parce qu’une poignée de gauchistes ne souhaitait pas sa venue, a joué fin. Et il a gagné ! Il s’est victimisé aux yeux de tous, recevant les excuses du Président de la République italienne, l’ex-communiste Giorgio Napolitano. Quant à Romano Prodi, le président du Conseil de Centre gauche, il a assuré le pape de « son affection » en déplorant « l’intolérance » des agitateurs laïcistes. Que pesaient les quelques centaines de manifestants de La Sapienza (une université qui compte 130 000 étudiants), face aux 200 000 catholiques rassemblés au même moment en protestation pour soutenir leur pape, sur la Place Saint-Pierre ?
  • Le pape, dos au peuple, célébrant la messe en italien à la Chapelle Sixtine, cette image aura suffi à provoquer de nombreux commentaires divergents. C’est à l’occasion de la célébration de 13 baptêmes, dans un contexte de forte diminution du nombre des baptisés en Italie, que le pape a célébré ainsi. En Europe occidentale, les épiscopats se sont employés à minimiser ce geste, qui a été très commenté par les orthodoxes en particulier en… Russie, où les autorités religieuses ont vu dans cette image qu’a voulu donner le Successeur de Pierre, un signe de retour à la Tradition apostolique ! On peut se demander s’il n’y a pas là avant tout un signe du sens de l’humour de Benoît XVI…
  • Un évêque assyrien résidant aux États Unis, Mar Bawai Soro, a demandé son rattachement à Rome avec tous ses prêtres et ses fidèles. L’Église assyrienne, présente en Irak, est une Église nestorienne (ne reconnaissant ni le concile d’Éphèse en 431, ni le concile de Chalcédoine en 455), dont la liturgie, antique, est en araméen, la langue du Christ. Il faut noter que depuis le XVIe siècle, de nombreux Assyriens se sont rattachés à Rome, ce sont les Chaldéens catholiques, qui ont la même liturgie que leurs cousins non ralliés. Il ne serait pas étonnant d’assister à d’autres demandes de ce type de la part de chrétientés anté-chalcédoniennes, de plus en plus isolées. Loin d’apparaître comme un repoussoir à cette forme d’œcuménisme qui réussit, la rigueur théologique du pape régnant apparaît comme une garantie pour tous.
  • Les scouts d’Europe crossés par Rome parce qu’ils avaient publié leur volonté de ne pas appliquer le Motu proprio Summorum pontificum (cf. Objections n° 12). Ils ont récemment reçu une lettre du cardinal Castrillon, leur enjoignant d’avoir à le faire. « L’AGSE (Association Générale des Scouts d’Europe) a toujours montré une grande fidélité et un esprit d’obéissance à l’Église. Nous allons, bien entendu, prendre en compte cette lettre et examiner les conséquences qu’elle entraîne » ont déclaré sur le Forum de l’association les deux Commissaires généraux Marie-Hélène Morel et Jean-Michel Permingeat.
  • Le 2 avril prochain, on célébrera le quarantième anniversaire de la première apparition de la Vierge Marie à Zeitoum dans la banlieue du Caire en Égypte. Ces apparitions silencieuses ont eu lieu durant toute l’année 1968. La Vierge s’est montrée à des dizaines de milliers de personnes, au-dessus de l’église copte de l’endroit. Musulmans et catholiques ont pu la voir chaque soir, seule ou accompagnée de Joseph avec l’enfant Jésus. On sait que l’Égypte voue un culte particulier à la sainte Famille. À noter le pèlerinage organisé là-bas par le docteur Doublier Villette et les Croisés du Sacré Cœur, du 3 au 16 avril prochain.
  • Mgr Malcom Ranjith, secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin récidive. Il stigmatise le refus d’obéissance au Motu proprio et dénonce l’attitude de certains évêques qui se croient au-dessus du successeur de Pierre et refusent ou dévoient le contenu et l’intention du Motu proprio au sujet du missel de Jean XXIII.
    L'attitude d'« autonomie » montrée « parmi quelques ecclésiastiques », mais également « dans les plus hauts rangs de l'Église » ne correspond certainement pas « à la noble mission que le Christ a confiée à son Vicaire, le Pape », affirme l'archevêque dans un entretien à Fides, l'agence de presse de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples.
    « Nous redoutions cette attitude de certains qui, de toute évidence, sont très engagés dans le progressisme ; ce n’est pas qu’ils soient radicalement opposés à cette décision du pape pour elle-même mais bien parce qu’elle induit l’incitation à réformer une pastorale qui fleure bon l’apostasie tranquille. Il est évident que ce document qui est un acte de charité envers ceux qui ont une sensibilité conservatrice appuyée, introduit un inévitable examen de conscience au cœur même de l’Église. La liturgie est intimement liée à la pastorale ».
    Mgr Albert Malcolm Ranjith, critique la désobéissance de certains évêques envers le Pape Benoît XVI pour la récente publication du Motu Proprio qui a libéralisé la messe préconciliaire (la soi-disant messe en latin) et réaffirme son « non » aux « danses », « instruments musicaux », « chants» mais même « certaines homélies de caractère politico-social (…) Nous avons récemment appris que des instructions liturgiques, sous prétexte d’adaptation aux enfants, se situent radicalement à l’opposé des directives de Rome et de ses interdits. Ces dispositions ne sont pas toujours le fait d’évêques qui sont confrontés à une désobéissance radicale de certains prêtres. Ces prêtres sont, soit très infortunés dans leur formation initiale, soit qu’ils ont été influencés par des détournements idéologiques dans lesquels ils ont noyé leur conscience au point d’avoir perdu le sens même de leur sacerdoce (…) D’autres prêtres enfin, par faiblesse de caractère ou par confort, se laissent commander par des laïcs incompétents, à la prétention enfantine ; parmi ceux-ci, les plus décidés et les plus dangereux veulent demeurer à un poste de responsabilités sans lequel ils n’auraient pas le sentiment d’exister. Ils font porter à l’Église une charge terrible et se mettent eux-mêmes dans la perspective de perdre leur salut. Nous avons vu certains de ces laïcs engagés dans l’Église préférer détruire une activité pastorale qui produisait d’excellents fruits plutôt que de ne plus pouvoir la contrôler, ces faits se sont produits dans mon diocèse ».
  • « Il est possible que nous nous soyons trompés ». Voilà ce que Christopher Bronk Ramsey, directeur de l’accélérateur radiocarbone d’Oxford, vient de déclarer dans une interview à la BBC, selon le quotidien italien La Stampa du 26 janvier, à propos des résultats de l’expertise au Carbonne 14 concernant l’âge du Linceul de Turin (datés en 1988 par les « scientifiques » comme remontant à une fourchette s’étalant de 1260 à 1390 après Jésus). Il se trouve que c’était précisément son institut, ainsi que des laboratoires C14 de Zürich (Suisse) et de Tucson (USA), qui, sous la direction de son prédécesseur, avaient conclu à la non-authenticité de cette Relique conservée et vénérée par l’Église depuis de nombreux siècles. À l’époque, ce verdict négatif avait troublé de nombreuses personnes. Selon Mgr Giuseppe Ghiberti, président de la commission vaticane pour le Linceul de Turin s’exprimant dans le quotidien catholique L’Avvenire du même 26 janvier, Ramsey reconnaît aujourd’hui que la méthode du C14 n’est pas applicable au Linceul de Turin en raison des circonstances très mouvementées de son voyage à travers les siècles et les pays, voyage qui en a modifié les caractéristiques chimiques et autres. Mgr Ghiberti a notamment précisé que ce tissu ne nous serait pas parvenu au début du XIXe siècle « dans un conteneur scellé ». Ramsey, pour défendre son Institut, déclare qu’en 1988 les « scientifiques » n’auraient pas pris vraiment connaissance de l’histoire mouvementée du Linceul (!). Deuxième élément d’explication : les instituts auraient probablement focalisé leurs recherches sur des matières organiques, qui ne faisaient pas partie du Linceul original (UNEC).