vendredi 15 février 2008

L’événement - La nouvelle-nouvelle Messe des dominicains bataves - Daniel Hamiche



L’événement - La nouvelle-nouvelle Messe des dominicains bataves - Daniel Hamiche


Le Royaume des Pays-Bas compte 4,3 millions de sujets catholiques – sans compter les sujets de mécontentement… Le dernier en date que nous fournit le catholicisme néerlandais – qui n’en fut pas chiche depuis un demi-siècle : souvenons-nous du funeste Catéchisme – se présente sous la forme d’un rapport intitulé Kerk en Ambt (Église et Ministère), œuvre de quatre théologiens dominicains de la province des Pays-Bas.

Ce texte, qui a été rendu public le 1er septembre 2007, et diffusé directement – par-dessus la tête des évêques… – aux quelque 1 400 paroisses des sept diocèses néerlandais, n’est pas un texte spontané de quelques dominicains en proie à un prurit textuel, mais une commande du chapitre de cette province, qui s’est tenu en juin 2005. Une grave question y fut débattue : « La célébration de l’Eucharistie dépend-elle du ministère d’hommes ordonnés ou est-il possible que la communauté ecclésiale ou les pasteurs qu’elle a nommés célèbrent eux-mêmes l’Eucharistie ? ». Le rapport commandé fut rédigé, transmis au provincial et à son conseil, puis approuvé par ces derniers le 11 janvier 2007.

Ce texte part du constat de la diminution dramatique du nombre de prêtres aux Pays-Bas sans en expliquer les causes. Quant aux chiffres voici ceux que j’ai pu réunir : ordinations sacerdotales en 1960 : 318 ; en 1977 : 16 ; en 2005 : 3 ! En quarante ans, 100 fois moins ! L’après Concile voit 2 000 prêtres abandonner le ministère ou réduits à l’état laïc. L’après Concile voit encore les 50 petits séminaires supprimés, les 7 séminaires diocésains regroupés en 5 Instituts de Théologie aux mains des pires dissidents, qui ne sont que des « avortoirs de vocations sacerdotales » (P. J. Bots, s.j.). On compte aujourd’hui à peine 500 prêtres diocésains en activité. Les “missalisants” sont moins de 300 000. Le nombre de Messes dominicales chute : 2 200 en 2002, 1 900 en 2004, tandis que les “adap” progressent : de 550 à 630 en ces mêmes années.

Devant une telle catastrophe, que suggèrent les dominicains ? Trois propositions qu’ils « pressent les paroisses de mettre en œuvre » :
1°) ceux qui président l’Eucharistie (traduisons : qui célèbrent la Messe) doivent pouvoir être élus par la « base » (les fidèles) et non être désignés par le « haut » (l’évêque) ;
2°) « prononcer [les] paroles [de la Consécration] n’est pas une prérogative réservée au prêtre [car] de telles paroles constituent l’expression consciente de la foi de la communauté tout entière » ;
3°) présider la célébration de la messe relève, par conséquent, du choix de la communauté : « Peu importe que ce soit un homme ou une femme, un homosexuel ou un hétérosexuel, une personne mariée ou un célibataire » ; si l’évêque donne son consentement : tant mieux ; s’il le refuse : tant pis…

En matière d’insolence vis-à-vis des évêques et de désobéissance envers la doctrine et la discipline catholiques, difficile de faire mieux que ces dominicains. Un rappel à l’ordre s’imposait. Le timide épiscopat néerlandais – il faut dire qu’il est depuis longtemps impotent, par faiblesse ou connivence envers les dissidents – en a appelé à la Congrégation pour la doctrine de la Foi qui a préféré laisser au Maître général des dominicains, le fr. Carlos Azpiroz Costa, le soin de faire le ménage. Ce qui s’est traduit par la commande d’un rapport au dominicain français Hervé Legrand [voir article ci-dessous] publié dans La Croix du 24 janvier et sur le site des frères prêcheurs deux jours plus tard. La position schismatique des dominicains est dénoncée mais « leur cri d’alarme » justifié, certaines de leurs suggestions défendues… mais les causes de la crise prudemment esquivées !